Le Lion d'Or
Bien sûr, les copains m’en avaient parlé. Et c’est vrai j’ai un peu de mal lorsqu’il s’agit de vivre les choses par procuration. J’ai passé pour la première fois la porte du « Lion d’or » à Arcins en Médoc (05 56 58 96 79), un bip gourmand au Michelin et menu économique, vendredi dernier. La particularité du lieu est qu’il est possible d’amener le breuvage. Sur les murs de jolis casiers sont remplis de très jolies bouteilles. Et sous chaque casier est apposé le nom d’un château car ces casiers sont en fait la propriété de grandes propriétés du Médoc qui ont ainsi quelques bouteilles sur place, à disposition. Et des propriétés prestigieuses dans le Médoc, il y en a quelques unes. La soirée étant consacrée à Cordeillan-Bages nous optons pour le menu du jour à 13 euros 30 consistant en : une soupe, entrée (charcuterie), plat (saumon sauce piquante), fromage, dessert (crème brulée au Rhum) et un verre de vin. La qualité des produits ne fait aucun doute, pas plus que le savoir faire du chef, un personnage haut en couleur.
Alors que j’ai le nez dans ma soupe (meilleure que celle que faisait ma grand-mère si c’est possible) le patron vient s’asseoir à mes côtés et lance à Manuela éberluée : « Toi t’es une vraie fille !... et oui !! Regardez-moi ce sac ! Une vraie valise ! Comme ma femme ! Ma femme, tu lui demandes son extrait d’acte de naissance, elle fouille son sac et elle te le sort … allez les petits, je vous laisse manger… » Ce personnage pittoresque, haut en couleurs et attachant se nomme Jean-Paul Barbier. Il se dirige à la table voisine et passe un savon au Monsieur qui n’a mangé que la charcuterie et laissé la salade. La dame du Monsieur saute sur l’occasion pour renchérir et préciser qu’en outre la salade c’est bon pour la ligne. Et Monsieur Barbier de clore rapidement la polémique : « Eh oh ! Ma petite dame ! Comme disait mon grand père : la différence entre les gros et les maigres, c’est bon pour le con qui porte la boite ! ».
Nous sommes revenu le samedi midi dans ce lieu du bout du monde, comme on n’en fait plus, avec grand plaisir et à la carte ce coup ci, pour des choses de la campagne superbes, l’agneau de Pauillac et notre bouteille de Lynch-Bages 1997, gentiment préparée par le garçon. Il y avait aussi de la Lamproie en sauce vin rouge, des rognons superbes… un vrai grand bonheur rustique. Si vous passez dans le coin n’hésitez pas à y entrer et surtout amenez vos bouteilles. Je me rappellerai longtemps la dame très distinguée du Château Margaux nous expliquant qu’il y a quelques années elle y avait amené une très bonne amie à elle, une riche Allemande. Le patron éberlué s’était écrié : « Je sers pas les boches ! ». La corrida a parait-il duré un bon quart d’heure. Depuis, les deux protagonistes sont devenus les meilleurs amis du monde. Comme quoi…