Aigritude gastronomique.
Oui, bon je sais, c’est un peu facile : Bravitude, aigritude, simplicitude. Non, allez, plus sérieusement, c’est un vrai coup de gueule que je voudrais pousser ici. Enfin, un coup de gueule… n’exagérons rien non plus. Je n’en n’ai pas attrapé de l’urticaire, je ne me suis pas mis en colère et je ne m’en suis pas arraché le moindre cheveu. Mais il est vrai que la lecture régulière du truc m’a fait regarder la chose avec un certain déplaisir, me laissant très souvent perplexe face aux ondes négatives qui en émanent.
Je parle du blog d’une très grande table parisienne, une vénérable institution, un trois étoiles Michelin. Enfin, quand je dis trois, maintenant c’est plutôt deux. Mais ça a été très longtemps trois. Donc, en fait, c’est plutôt un trois qu’un deux. Car, comme l’a écrit je ne sais plus quel critique : "pourquoi les rétrograder à deux puisqu’ils proposent aujourd’hui exactement la même cuisine qu’hier, lorsqu’ils en avaient trois ?" Sauf évidemment à considérer que la sanction ne vise pas la cuisine elle-même mais les à cotés. Dans le fonds on s’en moque. Le patron, lui, ne s’en moque pas, qui en a rajouté des tonnes et des tonnes sur le Michelin. La réaction est humaine et il serait injuste de lui en vouloir pour cela.
Ce qui est plus étonnant c’est le coté nombriliste de la chose, le côté donneur de leçons, voire le côté "après moi le déluge". Ce blog a une obsession, et même plusieurs : la cuisine moléculaire, la nouvelle nouvelle cuisine, le siphon, et Ferrán Adria. Enfin Adria pas vraiment. On n’ose pas franchement le nommer, l’attaquer de front. Mais l’Espagne par contre… Qu’est-ce qu’ils lui mettent ! Vous n’imaginez même pas. Comment un pays qui n’a pas l’histoire et le passé culinaire de notre hexagone peut-il prétendre être à l’avant-garde de la création gastronomique ? Et s’il l’est, c’est forcément une bouffonnerie, une mode passagère ou une fumisterie. Nos voisins ibériques sont donc interdits d’évolution et de révolution. La gastronomie, la haute, la très haute gastronomie c’est la France, un point c’est tout. Le reste est forcément quantité négligeable. Même les vins du Languedoc, à l’occasion, ont été pointés d’un doigt très peu confraternel. Je suis totalement étranger au monde professionnel de la gastronomie, mais j’avoue que tant d’aigreur affichée me laisse pantois. Comment ne pas y voir un mal être, un sentiment de frustration ? A ce point, et venant d’une si prestigieuse maison ça en devient presque indécent, tant le sentiment affiché est inversement proportionnel au prestige passé ou même actuel. Je n’ai jamais mangé à cette table, je n’en n’ai jamais eu l’occasion, même si j’en ai rêvé. Mais pour le coup, je pense que je vais me dispenser de l’envisager. Au regard des prétentions affichées ce doit être très bon, on ne l’imagine pas autrement, mais…